Description
Savez-vous pourquoi je vous invite à lire ce livre ?
Parce que l’être humain est unique et universel et cette vérité est démontrée par le processus de prise de conscience, chaque fois qu’il se produit. C’est le moment d’éveil spirituel dont parlent les sages. Il n’y a rien de plus que cela. Et cela arrive très souvent dans notre vie quotidienne. Juste que dépend du niveau de conscience auquel le clic se produit. Chaque acte de prise de conscience est en fait une confirmation de qui nous sommes et une touche nourricière de nos propres racines. Il s’agit d’un moment rituélique qui relie l’identité personnelle aux ressources universelles par la reconnaissance et l’affirmation de soi. C’est un moment important car l’identité personnelle est la base de nos actions et détermine notre façon de vivre.
Si vous êtes curieuse/curieux de découvrir de quoi il s’agit, vous pouvez lire ici un chapitre du livre que je publie. Cet exemple m’a permis d’expliquer en détail ce processus, et c’est ainsi que ce livre est né.
Chapitre II – La prise de conscience détermine l’acceptation de Soi
L’exemple choisi est celui d’un homme de trente-cinq ans, pris dans une crise existentielle. Lors d’une telle crise, d’anciens blocages sont généralement réactivés ; il s’agit de problèmes non résolus de périodes précédentes, qui normalement, en dehors des moments de tension, sont masqués et surcompensés par des comportements adaptatifs.
À ce moment-là, mon patient pensait qu’il n’y avait pas de solution à son problème, et il s’exprimait à travers des symptômes dépressifs spectaculaires. Quand il est venu me voir, je suis sortie dans le hall de mon immeuble pour lui ouvrir la porte et je l’ai vu monter l’escalier. Sa position corporelle exprimait une détresse mentale intense, et je me demandais si un psychiatre ne serait pas nécessaire pour l’aider.
Il m’a expliqué qu’il venait de divorcer, mais que cela ne l’affectait pas. Sa souffrance était générée par un sentiment de culpabilité envers Dieu. Honnêtement, j’ai été un peu surprise. Bien que, quelque part très en profondeur, ce soit le problème de chaque patient qui est venu vers moi, je ne m’attendais pas à ce que le paradis et l’enfer soient mis sur la table dès les premiers instants. Mais mon client ne délirait pas ; il m’a raconté les événements récents de sa vie, qui justifiaient son état.
Qu’était-il arrivé ?
Il avait trompé sa femme avec sa voisine, leur filleule de mariage, et un prêtre chrétien lui a dit que c’était un péché impardonnable. ( En Roumanie, les parrains et marraines des mariés jouent un rôle très important dans les mariages. Ce sont généralement des couples mariés, amis ou parents des futurs mariés. Ils sont les parents spirituels du jeune couple et sont censés être des modèles pour lui.)
Il se trouve que je connais très bien les règles religieuses, et suivant le sens énergique de la conversation, j’ai confirmé que du point de vue de l’Église, c’était un très grand péché, car cette jeune femme était considérée comme sa fille spirituelle ; il avait donc commis un « inceste religieux ». Alors que je lui expliquais cela, son corps s’effondrait, comme sous le poids d’un fardeau physique, et son visage tendu semblait s’assombrir de plus en plus. Il était tout à fait d’accord avec ce que je lui disais, et je pense que si quelqu’un lui avait proposé de le flageller à ce moment-là, il aurait accepté, si ça avait pu faire disparaître cette souffrance émotionnelle qui l’envahissait. Après cet exposé « sadique » de la théorie de l’Église, je lui ai soudainement demandé :
– « Dieu signifie-t-il pour toi la même chose que l’Église ? »
Il a grimacé comme s’il avait été frappé par la foudre et a immédiatement fermé les yeux. Il focalisa son attention vers l’intérieur et devint si immobile que j’eus l’impression qu’il était allé quelque part. C’était son moment d’intimité, je devais le respecter. J’ai attendu, et le temps m’a paru très long, même s’il n’est resté ainsi que quelques secondes. Puis il a ouvert les yeux et a seulement dit :
« – C’était ça !
– As-tu retrouvé ton dieu ?
– Oui ! »
À son regard, j’ai compris que notre discussion était terminée. Le moment de prise de conscience a tout résolu. Bien sûr, son apparence a miraculeusement changé en quelques secondes. Son corps s’est détendu, et il a retrouvé son énergie, son regard s’est éclairci, sa peau a repris sa couleur, et sa voix a retrouvé son ton naturel. Soudainement, le circuit complet de son système énergétique a été restauré. Il n’a même pas voulu parler de l’abus d’autorité du prêtre, car il s’est rendu compte qu’il s’y était soumis seul, de son propre chef. Il est apparu clairement qu’il venait de se remémorer sa propre autorité, qu’il assumait ses choix, libérait son droit de choisir et réactivait son pouvoir de décision.
Sans ce pouvoir, un homme ne peut pas être en contact avec sa divinité, pas même du point de vue de la Bible (bien sûr, si nous la lisons honnêtement), car il y est écrit que Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance : c’est par la conscience que nous ressemblons à la divinité, par elle que nous sommes reliés à la Conscience universelle.
Comment et pourquoi un homme intelligent, doté de la capacité de discernement, est-il tombé dans un tel piège ?
Compte tenu de son niveau d’intelligence et de sa maturité émotionnelle, sa réaction semblait extrêmement enfantine, et même ridicule du point de vue d’une personne éduquée vivant au xxie siècle. On peut toutefois le comprendre si l’on tient compte de ses motivations profondes.
Le conflit de cet homme a été généré par sa relation avec sa foi, c’est-à-dire avec sa philosophie de vie, avec les valeurs sur la base desquelles il a organisé sa vie personnelle au sein de son environnement social. Il semble que ses instincts n’étaient pas en accord avec sa foi. Par un mouvement libérateur, ses énergies ont spontanément révélé un point faible, renversant l’ordre qu’il croyait bien établi. Tout son contexte de vie lui semblait, à ce moment, une trahison. Bien qu’il ait quitté sa maîtresse et divorcé de sa femme, il ne se sentait toujours pas mieux.
La confusion persistait : qui avait trahi qui ?
Il se sentait complètement désorienté, perdu. Il ne savait plus quelle était sa vérité, celle qui pouvait l’assurer de sa congruence avec lui- même. C’est pourquoi il a choisi de consulter un psychologue. En effet, une analyse des processus psychologiques peut être un bon départ dans l’aventure de la conquête des hautes sphères spirituelles. Donc, avant de poursuivre les explications philosophiques, voici un éclaircissement sur le fonctionnement de la psyché humaine.
D’un point de vue psychologique, la foi est une création subjective de l’imagination. Elle combine des éléments d’information énergétique tirés de plusieurs niveaux de l’expérience et de la connaissance ; elle devient ainsi une information faisant autorité, occupant une place centrale dans un schéma cognitif qui mêle l’information avec l’émotion et qui détermine le déclenchement de l’action. À partir de cette position, la foi, en tant que servante de certaines valeurs, indique le sens et le but des actions. La foi a une fonction intégrative ; en tant que véritable leader, elle doit harmoniser le schéma cognitif émotionnel en respectant les besoins de chaque composant. Quand l’instinct envahit la raison, cela signifie qu’il y a eu frustration : une certaine partie de la personnalité n’a pas obtenu ce dont elle avait besoin.
Par conséquent, notre homme se sentait mal parce qu’il refusait de croire qu’il n’était qu’une bête sans raison. Il ne comprenait pas la pureté de la vérité qui s’était révélée dans ses actes. Secrètement, sa réaction instinctive avait un but noble. Si, avant de commettre l’adultère, il avait procédé à une analyse personnelle avec un spécialiste, il n’aurait probablement pas eu besoin de ce scandale pour découvrir son véritable besoin mental et spirituel. Mais n’y prêtant pas attention, son instinct a utilisé ses forces archétypales pour faire remonter la vérité à la surface.
Mais avant de révéler le sens archétypal secret de cette histoire, je voudrais présenter d’abord des processus rationnels qui peuvent faciliter la compréhension de la structure des forces archétypales ayant participé à cette lutte symbolique.
La raison est considérée métaphoriquement comme la force de la lumière qui rend les choses visibles. Et bien qu’elle semble opposée aux forces instinctives, cachées dans les ténèbres du subconscient, elle en est complémentaire. En effet, la vérité peut être révélée par la coopération harmonieuse entre la lumière et les ténèbres.
La raison nous confirme la force exceptionnelle du subconscient, qui nous relie à la sagesse universelle. Le subconscient humain a intégré des programmes d’informations énergétiques archétypales et connaît leur signification naturelle. Il a des compétences brillantes pour provoquer de prétendues « erreurs » ou pour désorganiser une situation rigide qui bloque le progrès et libérer de vraies intentions.
Le subconscient s’exprime symboliquement, il connaît la loi. Notre seul problème est de comprendre son langage. Pour cela, nous avons besoin de la connaissance de soi, qui est l’une des formes les plus nobles du centrage sur soi.
Presque à chaque fois, les nouveaux patients me demandent :
– « Par quoi dois-je commencer ?
– Peu importe, parce que nous arriverons toujours là-
– Où ?
– À ta vérité.
– Comment ?
– En affrontant tes dieux. »
C’est-à-dire en dialoguant avec les forces archétypales. Les archétypes sont bipolaires, la survenue du conflit est donc naturelle. Le conflit est le moteur des énergies, il détermine leur dynamique. Toutefois, les archétypes, dont la bipolarité s’exprime par des énergies contradictoires, sont unifiés autour d’un principe, qui est l’autorité suprême dans le système archétypal.
En ce sens, je peux dire que dans l’exemple que j’ai choisi, la cause de la souffrance de mon patient était un conflit entre « ses dieux », c’est-à-dire un conflit entre les niveaux archétypaux suivants, chacun ayant son propre principe :
- Le principe naturel (celui qui fournit la base énergétique).
- Le principe personnel (le Soi, qui a sa propre autorité centrale).
- Le principe social (qui soutient les relations avec les autres et qui était représenté par les règles de l’Église dans notre exemple).
L’unité et l’harmonie sont des principes fondamentaux qui imprègnent tous les niveaux de la vie. Et lorsque quelque chose manque quelque part, la nature propose autre chose pour compenser.
Ces productions compensatoires sont difficiles à comprendre pour nous, car elles semblent nouvelles, hors de la règle déjà connue. L’adultère de mon patient était un acte compensatoire générateur de conflit, qui a ruiné son unité. Il existe deux solutions au conflit de dualité :
a. La régression vers l’unité initiale : dans le cas de mon patient, cela signifiait accepter et se raccrocher à ses croyances d’enfant. Mais cette solution a provoqué sa dépression, car il n’était alors pas libre d’utiliser ses capacités d’adulte. Enfiler un costume trop petit provoque de la frustration et un jaillissement d’émotions négatives auxquelles, par souci d’unité, la personne s’identifie.
b. Le saut au niveau du principe triadique : là, l’Ego peut trouver sa propre place, selon les ressources de son Soi. Le principe de la triade soutient le pouvoir de création.
Les chercheurs de vérité ont toujours été fascinés par le potentiel de la triade, dont le symbole est apparu durant l’Antiquité, dans les folklores mythologiques. La démonstration de sa valeur culturelle a été faite par le philosophe Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831), selon lequel la dynamique universelle de l’Idée, le concept de base de sa philosophie, est mue par le conflit entre thèse et antithèse, dont la conciliation passe par la synthèse. Mais cela signifie passer au niveau suivant, où la synthèse deviendra une nouvelle thèse, qui engendrera sa propre antithèse. Et la dynamique universelle continue ainsi, génératrice de progrès, vers l’infini. …